Porteur du titre de peintre officiel de la Marine accordé par le ministre français de la Défense, membre titulaire de l’Académie des Arts & Sciences de la Mer (Pornichet, France), le Belge Jean-Yves Delitte (°1963) est architecte-designer de formation.
Il a publié ses premières histoires en bandes dessinées dans le légendaire hebdomadaire Tintin. Par la suite, outre Les Aventures de Donnington et Les Coulisses du Pouvoir sur des scénarios de Philippe Richelle, il met en images Tanâtos avec Didier Convard, ou encore Les Brigades du Tigre avec Xavier Dorison et Fabien Nury, tout en réalisant deux tétralogies en tant qu’auteur complet : Le Neptune et Les Nouveaux Tsars.
Il excelle aussi dans les fresques maritimes en bandes dessinées, par exemple en imaginant les aventures d’un corsaire amérindien à la fin du XVIIIe siècle avec sa série Black Crow ou en relatant l’histoire du prestigieux trois-mâts barque le Belem, celle de la majestueuse frégate Hermione ainsi que la romanesque aventure de la Bounty, tout en dressant une vision angoissante de notre futur à travers la tétralogie U-Boot.
Depuis 2017, il dirige aux Éditions Glénat à Grenoble la collection « Les grandes batailles navales », dans laquelle il a fait paraître successivement Chesapeake, Trafalgar, Jutland, Tsushima, Lépante, Hampton Road, Stamford Bridge, Midway, Texel, Salamine et No Ryang.
Il vient d’y publier Le Bismarck – un album lauréat du prix de la bande dessinée 2019 décerné par l’Académie française de Marine –, narrant avec talent la fin du premier cuirassé de la classe éponyme construit pour la Kriegsmarine au chantier naval Blohm & Voss de Hambourg entre juillet 1936 et février 1939.
Baptisé en hommage au chancelier allemand Otto von Bismarck qui fut l’un des architectes de l’unification allemande au XIXe siècle, ce cuirassé fut, avec son navire-jumeau le Tirpitz, le plus grand navire de guerre utilisé par l’Allemagne nazie.
En mai 1941, le Bismarck participa à l’opération Rheinübung sous le commandement du capitaine de vaisseau Ernst Lindemann. Accompagné du croiseur lourd Prinz Eugen, il devait attaquer les convois alliés entre l’Amérique du Nord et le Royaume-Uni.
Durant leur trajet vers l’Atlantique Nord, les deux navires furent repérés à plusieurs reprises et l’Amirauté britannique déploya des unités de la Royal Navy pour les intercepter. Lors de la bataille du détroit de Danemark le 24 mai, le Bismarck détruisit le croiseur de bataille Hood, l’un des plus puissants navires britanniques, et obligea le cuirassé Prince of Wales à se replier.
Ayant été touché à plusieurs reprises et perdant du combustible, le Bismarck mit alors le cap vers la France occupée pour y être réparé tandis que le Prinz Eugen poursuivait sa mission.
Après la destruction du Hood, la Royal Navy mobilisa des dizaines de navires pour intercepter le cuirassé avant qu’il ne rejoigne la protection de l’aviation et des sous-marins allemands. Le 26 mai, le Bismarck fut attaqué par des bombardiers-torpilleurs Fairey Swordfish lancés par le porte-avions Ark Royal ; l’une des torpilles toucha sa poupe et rendit son gouvernail inopérant.
Dans l’impossibilité de manœuvrer, le Bismarck fut rattrapé le lendemain par les cuirassés Rodney et King George V. Il fut neutralisé par un intense bombardement britannique et il coula après avoir été sabordé par son équipage. Seuls 114 marins et un chat survécurent sur un effectif de plus de 2 200 hommes.
Son épave fut localisée en juin 1989 par l’océanographe américain Robert Ballard à 650 kilomètres au large de la côte française, à pratiquement 4 800 mètres de profondeur [1].
PÉTRONE
Le
Bismarck par Jean-Yves Delitte, Grenoble, Éditions Glénat,
Paris, Musée national de la Marine, collection « Les grandes batailles
navales », octobre 2019, 56 pp. en quadrichromie au format 24 x 32 cm
sous couverture cartonnée en couleurs, 14,95 € (prix France)