Louise Ebel est née en 1988 et vit à Paris. Depuis 2008, elle tient le blog Pandora qui met en scène son amour pour l’art, l’histoire et le vêtement, et elle travaille parallèlement comme journaliste et présentatrice télé pour Marie-Claire Japon.
Elle a étudié l’histoire de l’art à l’Institut catholique de Paris et a présenté un mémoire à l’EHESS sur l’image de la femme dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous la direction d’Yves Hersant.
Autodidacte, elle n’a de cesse que de creuser sa passion pour cette époque, et de la partager à travers les chroniques qu’elle tient sur son blog ou qu’elle rédige en free-lance, et qui constituent la genèse de son livre Excessives ! Destins de femmes incroyables au XIXe siècle (Lausanne, Éditions Favre), préfacé par Mireille Dottin-Orsini [1], mais aussi très richement illustré de reproductions de peintures et de photographies d’époque
En voici le pitch :
« Elles se prénommaient Geneviève, Henriette, Berthe, Madeleine, Minna, Gisèle, et on les disait excessives. Elles ont posé des bombes, tailladé des fourrures, organisé des messes noires, hanté parfois les asiles. Des salons cossus aux assommoirs de la Butte, ces six femmes ont jeté leur exubérance à la face du monde. Avec la violence de leur plume, elles ont déchiré le papier, avec leur excentricité, elles ont envoyé valser le qu’en-dira-t-on, avec leurs caprices, qui tenaient presque de l’art, elles ont fait trembler les murs.
Tantôt misérables, tantôt incroyables, ces femmes ont tutoyé les sommets. Elles y ont oscillé avec panache – et un peu de nihilisme – entre grandeur et décadence, en partageant une même soif de devenir, une même volupté du trop, un même mépris pour l’ordre établi. En s’élevant contre une époque corsetée qui les maintenait dans une incapacité, ces amazones ont été bien plus que des divas, elles ont été de véritables pionnières de la libération des femmes.
Hélas, pour leurs excès, toutes ont été jugées, et ainsi l’histoire en a fait des anecdotes de bas de page, des figurantes dans les biographies de leurs illustres amants. Il est grand temps de remettre en lumière les destins flamboyants de ces insoumises qui, seules mais armées de courage, ont ouvert la voie aux héroïnes de notre époque. »
Et voici le portrait par l’auteure des femmes qu’elle a remises dans la lumière :
« Geneviève Lantelme, actrice superstar des années 1900, qui défraya la chronique par son panache, ses colères, ses fulgurances et ses amours tumultueuses, mais aussi par sa mort tragique, ainsi que son curieux destin posthume. Son histoire n’a rien à envier aux meilleurs feuilletons policiers !
Henriette Maillat, épistolière de génie et muse malmenée de Joséphin Péladan, Jules Barbey d’Aurevilly et Joris-Karl Huysmans. Nulle autre que cette incroyable séductrice, qui manqua sa vocation d’écrivain, aura autant côtoyé la crème des écrivains fin de siècle, et en aura autant subi la cinglante misogynie.
Berthe de Courrière, autre muse de Joris-Karl Huysmans, mais aussi d’Auguste Clésinger, qui lui légua toute sa fortune, de Remy de Gourmont, qu’elle lança, et d’Alfred Jarry, qui la vilipenda. Tour à tour qualifiée de nymphomane, de satanique et d’hystérique, cette éminence grise fut un membre clé des cercles littéraires et ésotériques dont elle tira dans l’ombre les ficelles. À l’instar d’Henriette Maillat, son identité réelle reste encore prisonnière de ses avatars littéraires.
La baronne Deslandes, esthète et romancière à succès, fut l’une des plus excentriques créatures que la fin de siècle ait connues. Performeuse avant l’heure, elle fit de sa vie une création totale, et s’y employa tant et si bien qu’elle en perdit toute sa fortune. Sans elle, la marquise Casati [2] n’aurait probablement jamais existé.
Minna Schrader, anarchiste, poète et modèle d’artiste, qui vécut comme personne la vie de bohème, au point d’avoir inspiré pas moins de trois romans, avant de disparaître dans les méandres des hôpitaux psychiatriques où elle passa les trente dernières années de son existence. Jusqu’à ce jour, nul ne savait ce qu’elle était devenue.
Gisèle d’Estoc, anarchiste, duelliste, romancière et sculptrice, cette ama zone en costume d’homme, bisexuelle et insoumise, fut l’une des premières à détruire les limites du genre, et à militer pour la libération des femmes. »
Elle-même excessive, Louise Ebel défend ici ses pairs injustement jugées puis oubliées et milite pour leur remise en lumière.
PÉTRONE
Excessives ! Destins de femmes incroyables au XIXe siècle par Louise Ebel, préface de Mireille Dottin-Orsini, Lausanne, Éditions Favre, octobre 2019, 254 pp. en quadrichromie au format 16,2 x 24,1 cm sous couverture brochée en couleurs, 24 €
TABLE DES MATIÈRES
Préface
Introduction
Portraits
Geneviève Lantelme, « Pauvre Ginette ! »
I – La gamine de Paris
II – La belle et la bête
III – Du caprice comme art
IV – Et vogue le navire !
V – Ophélie deux fois noyée
Henriette Maillat, itinéraire d’une muse malmenée
I – « J’ai une volonté de fer, et je ploie ceux qui m’aiment. »
II – Un personnage de roman
III – Ivresse des sommets
IV – Confit en gloire et en déconfitures
V – « J’ai un amant ! Un amant ! »
VI – Henriette abandonnée
VII – La « Vénus de mélo »
Berthe de Courrière, « Je ne suis point une Messaline »
I – Galatée
II – Sixtine
III – Madame de Chantelouve
IV – La Vieille Dame
Madeleine Deslandes, splendeurs et décadences de l’illusion
I – Naissance d’une artiste
II – Une femme à la mode
III – La reine des préraphaélites
IV – Amie et amoureuse
V – Crépuscule d’une fée
Wilhelmine retrouvée (Minna Schrader)
I – Où Wilhelmine devient Minna
II – Minna bohème
III – Minna amoureuse
IV – Minna esthète
V – Minna anarchiste
VI- Minna envolée, puis retrouvée
VII – « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance »
VIII – Minna perdue à tout jamais
IX – Minna n’est plus là
Gisèle d’Estoc, portrait d’une Amazone
I – Gémellités
II – En garde !
III – « Ne jamais se donner, jouir »
IV – Fauneries
V – Maussades maupassades
VI – L’Amazone mise à mort
VII – Bas les armes
Postface
Remerciements
[1] Mireille Dottin-Orsini est professeure à l’Université de Toulouse 2. Elle est l’auteure de l’essai intitulé Cette femme qu’ils disent fatale : textes et images de la misogynie fin-de-siècle paru chez Grasset en 1993.
[2] Luisa von Amann, épouse du marquis Casati Stampa di Soncino, marquise romaine (28 janvier 1881 – 1er juin 1957), fut la muse et mécène d’un grand nombre d’artistes ayant marqué le début du XXe siècle, de Giovanni Boldini à Léon Bakst et Man Ray, en passant par Guiglio de Blaas, Gabriele D’Annunzio, Umberto Brunelleschi, Catherine Barjansky, Kees van Dongen, Augustus John, F. T. Marinetti, Alberto Martini, le baron Adolf de Meyer, Roberto Montenegro, Joseph Paget-Fredericks, Hans-Henning von Voigt (plus connu sous son pseudonyme en tant qu’illustrateur, Alastair), Cecil Beaton et Salvador Dalí.