Luc Charles Henri Beyer de Ryke, plus connu comme Luc Beyer, né le 9 septembre 1933 à Gand et mort le 18 janvier 2018 à Paris, était un journaliste et homme politique belge.
Après des études en sciences politiques et diplomatiques et en journalisme à l’Université libre de Bruxelles, Luc Beyer a été un présentateur-vedette du journal télévisé de la Radio-Télévision belge (RTB) pendant 18 ans (1961-1979).
Il fut également conseiller communal à Gand, conseiller provincial de Flandre-Orientale et de nouveau conseiller communal à Uccle. De 1979 et 1989, il a été député européen libéral.
Luc Beyer était un francophone bilingue de Flandre, péjorativement qualifié par les flamingants de fransquillon, minorité à laquelle il a consacré un de ses livres, Les Lys de Flandre (2002).
Il a été président de l’Académie du gaullisme à partir de 2008, succédant à Jacques Dauer après la mort de celui-ci.
La rédaction de Congo. Mémoires à vif (son ouvrage posthume paru chez Mols à Wavre) a été entamée par Luc Beyer à l’automne 2017, mais la mort l’a fauché par surprise en janvier 2018.
C’est alors sa compagne, Françoise Germain-Robin[1], qui a repris la plume, comme un acte d’amour et en hommage à sa mémoire. Et à tous ces hommes et ces femmes, Belges et Congolais, qui ont vécu « le temps des colonies » et dont il voulait faire une galerie de portraits.
Leurs témoignages, livrés tels quels, font partie de l’histoire de la Belgique et du Congo, intimement liés malgré les déchirures.
L’ouvrage se veut une réflexion sur la question épineuse, posée dès le début du livre, du « ratage » de l’indépendance de 1960 et des raisons qui peuvent l’expliquer.
Une seconde question, tout aussi présente, est celle de la personnalité du très controversé Patrice Lumumba et de ses positions.
D’autres questions encore, tout aussi actuelles, sont abordées : le Musée de Tervuren, désormais consacré à l’Afrique centrale, sa rénovation en profondeur, sa ré-inauguration en décembre 2018 et les nombreuses polémiques les ayant entourées ainsi que la création, très discutée, d’une place Lumumba à Bruxelles, ou encore les interventions militaires successives des forces belges, françaises et mercenaires (Bob Denard, entre autres).
Le Congo, Luc Beyer de Ryke le connaissait pour y être allé plusieurs fois. Comme journaliste d’abord, lors d’événements marquants et souvent dramatiques, ou pour interviewer des personnalités comme l’ancien « maréchal président » Mobutu.
Plus récemment, il y était retourné comme observateur pour les élections de 2006, recommandé comme expert par le gouvernement belge à la Fondation Carter avec laquelle il avait déjà joué ce rôle, quelques mois plus tôt, pour les premières élections en Palestine.
Dans cet ouvrage posthume, Luc Beyer demeure entièrement dans son rôle de journaliste et d’investigateur, avec la volonté de comprendre et d’éclairer le lecteur.
Liste des personnes interrogées :
– Guido Gryseels directeur de l’Africa Museum, le docteur Patricia Van Schuylenbergh et le professeur Sabakimu Kivilu Jacob
– Le père Raf van Hecke, franciscain
– Les pères Erik Maes, Willy Vanhaellewyn, Willy Nieuvenhove, Léonard Heyse et Jeff Laevens, scheutistes
– Le père Christian Mwanza qui a participé à la « marche des chrétiens » de février 1992
– Justine Kasavubu, fille du premier président de la RDC, Joseph Kasavubu, elle-même ministre et ambassadrice
– Le sénateur Omba Pene Djunga, officier, ministre
– Le sénateur Léon Engulu, membre de la Table ronde belgo-congolaise (1960)
– Roger N’Kema Liloo qui a organisé les consultations populaires en 1990-91
– Déo Namujimbo, journaliste
– Paul Henri Kabaïdi qui a participé à la fondation du Mouvement Populaire de la Révolution, parti mobutiste
– Le chevalier Dominique de Patoul, ancien dirigeant de la SABENA à Kinshasa
– Le docteur Philippe Cornet, médecin
– L’ambassadeur honoraire Robert Devriese
– Émily Beauvent, adolescente belge à Élisabethville en 1960
– Michel Isralson, ancien administrateur délégué de la banque Belgolaise
– Michel Jerneval, journaliste, officier suédois, qui a participé aux missions de l’ONU en 1961 (sous la direction de Dag Hammarskjöld)
– Francine Di Pietro, jeune Italienne à Élisabethville en 1960
– André-Bernard Ergo, agronome
– Marie-Christine De Greef, enfant belge otage à Stanleyville en 1964 lors de la révolte des Simbas
– Mme Jacques Kapungu, jeune Belge ayant épousé un Congolais en 1959
– Maître Jacques Nyns, avocat
– Le comte Étienne Davignon, ancien diplomate, ancien dirigeant de la Générale de Belgique
– Pierre Pairoux, ingénieur, bras droit de George Arthur Forrest
– Jacques Somville, ingénieur, homme d’affaires
– Le ministre d’État Herman De Croo
– Jean Omasombo, historien, témoin à la commission Lumumba en 2001
Extrait :
« De tout ce que j’ai lu et entendu au cours de ces mois passés en rencontres, colloques, lectures des journaux belges, où la question de la rénovation du Musée [de Tervuren] a suscité tant de polémiques, j’ai tiré une certitude : le malentendu peut être dissipé par le partage des mémoires et l’étude de l’histoire.
Pour cela, il faut d’abord se débarrasser une fois pour toutes de deux grands mythes qui obscurcissent jusqu’à aujourd’hui la pensée et la réflexion.
Ces deux mythes sont Léopold II et Lumumba. »
Pas bête, à notre avis…
PÉTRONE
Congo. Mémoires à vif par Luc Beyer de Ryke et Françoise Germain-Robin, Wavre, Éditions Mols, collection « Histoire », septembre 2019, 234 pp. en noir et blanc au format 15,5 x 23 cm sous couverture brochée en couleurs, 23,50 €
TABLE DES MATIÈRES
Introduction au livre posthume de Luc Beyer de Ryke
Le casse-tête de Tervuren
Un vide historique
Incertitudes et approximations
Une galerie de portraits
La vocation contrariée de Pater Raf Van Hecke
Missions accomplies
L’œuvre des pères de Scheut
Une vie de routier
Une évangélisation ancienne
Construire une église autonome
La catastrophe Mobutu
Père Christian : La Belgique est ma maison
Un Congolais à Thorembais-les-Béguines
Un prêtre engagé
Le regret des Belges
Panafricain et européen
La fille du Président
Une dirigeante de la diaspora à Bruxelles
Des rapports difficiles avec Lumumba
Omba Pene Djunga, un survivant
Un coup monté manqué
Beaucoup à dire sur Lumumba
Léon Engulu, un ancien radical
Une aspiration irrépressible à l’indépendance
Un manque de formation
Un fils de chef
Recruté par Mobutu
Remplacé par un faucon
D’une génération à l’autre
Retour de l’enfer : un journaliste parle
Regards sur la colonisation
Le rôle fondamental des prêtres
Mimétisme
De l’esclavage au travail forcé
Une autre forme de démocratie
Le manque de réalisme de Lumumba
Une indépendance en trompe l’œil
Une domination durable
Heureux comme un Belge au Congo
La vie quotidienne à Kinshasa
Mobutu, ombres et lumières
Médecin de brousse et directeur d’hôpital
Accueillis à bras ouverts
Une œuvre remarquable
Un problème flamand
Le vert paradis de la jeune Émilie
L’indépendance
L’ONU
Michel Isralson, un témoin au Katanga
Le fiasco de l’ONU ou l’aventure congolaise de Michel Jerneval
Affrontements avec les mutins
Rencontre avec Lumumba
Otage de… l’ONU !
L’ONU mal accueillie
La passion de la brousse
Évacués devant les Simbas
Nos erreurs
La nostalgie de Marie-Christine
Accueillis par Albert et Paola
Amoureux de l’Afrique
Des liens innombrables
J’ai aimé ce pays
De belles carrières
L’amour au Congo
Transgression
Un paradis
Maître Jacques Nyns, le « guide » de Lumumba
Les heures de la Table ronde
La fin de Tshombe
Étienne Davignon, témoin des origines
De la Table ronde au chaos
Le dernier des grands
Le groupe Forrest, mastodonte africain
Un capitaine d’industrie en RDC : Jacques Somville
Le temps des éléphants blancs
Le désastre démographique
Herman De Croo : le Congo me colle aux fesses
Une addiction venue de l’enfance
Naissance d’une amitié : Justin Bomboko
Congo d’hier et d’aujourd’hui
Un péril noir ?
Un passé dégoulinant de sang
Batailles mémorielles à Bruxelles comme à Paris
Le tableau d’une exposition
Restitution ou non des œuvres à l’Afrique
Les métamorphoses de la Porte Dorée
Une place Lumumba à Bruxelles
En guise de conclusion de Luc Beyer de Ryke
Apocalypse now
Une colère noire
Le Congo tel qu’il est devenu
Dernières barrières
Réconcilier les mémoires
Les deux « L »
Épilogue – Est du Congo « démocratique » : de la convoitise des richesses à l’installation volontaire du chaos
Chronologie des principaux événements du Congo
Discours du Roi des Belges, Baudouin Ier (30 juin 1960)
Discours du Président de la République, M. Joseph Kasa-Vubu (30 juin 1960)
Discours du Premier ministre Patrice Emery Lumumba (30 juin 1960)
Discours « rectificatif » de Patrice Lumumba prononcé sous forme de toast au dîner officiel (30 juin 1960)
Personnes rencontrées et citées
Bibliographie succincte
Index des noms de lieux
Index des noms de personnes
Remerciements
[1] Françoise Germain-Robin, née en 1945, est une journaliste française. Elle fut grand reporter au journal L’Humanité, fut journaliste à l’Office de Radiodiffusion Télévision française (ORTF), à France Culture et correspondante à Alger de 1978 à 1982. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7oise_Germain-Robin)