« Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. » (Pierre Corneille)

Licenciée en histoire de l’art et archéologie, l’académicienne belge Corinne Hoex (1946), qui a succédé à Françoise Mallet-Joris, a travaillé en tant qu’enseignante et documentaliste.

Aussi talentueuse que diserte, elle a publié des romans et des œuvres en prose : Le Grand Menu (2001, réédité en 2010), Ma robe n’est pas froissée (2008), Décidément je t’assassine (2010), Le Ravissement des femmes (2012), Décollations (2014) et Valets de nuit (2015).

Elle a également donné des livres de poésie : Cendres (2002), La Nuit, la mer (2009), Contre Jour (2009), N.Y. (2011), Juin (2011), Rouge au bord du fleuve (2012), Le Murmure de la terre (2012), L’Autre Côté de l’ombre (2012), Celles d’avant (2013), Matin (2013), Jadis vivait ici (2015), Les Mots arrachés (2015), Oripeaux (2015), L’Été de la rainette (2016) et Leçons de Ténèbres (2017).

Elle revient ces jours-ci avec un nouvel opus poétique bellement illustré par la jeune graphiste française Marie Boralevi (1986), Et surtout j’étais blonde (Liège, Tétras Lyre), dans lequel apparaît en filigrane, avec ce talent qui lui est si particulier d’aborder l’horrible – ici, l’inceste et le viol, thèmes lancinants de son œuvre – avec des mots ciselés, subtils et allusifs.

Extraits :

« J’étais belle.

Et surtout j’étais blonde.

Et jeune.

Et vierge.

Les yeux rêveurs des vierges.

Le visage offert au massacre !

La peau lacérée.

Le sang pour le Père.

Une ombre grenat jetée à ses pieds.

(…)

Seins menus.

Hanches hautes.

Corps étroit d’adolescente.

Un oiseau pour le chat, bavaient-ils.

Les griffes leur sortaient des yeux.

 

La nappe était blanche.

Sous les lustres de cristal, on servait faisans farcis, perdrix, bécasses

On consommait ces chairs dans de la porcelaine.

Avec des fourchettes d’argent.

En entremets, morceau de choix, ma virginité.

(…)

Alors le ciel là-haut.

Tu ne bougeras pas.

Laissant le manteau.

Laissant l’enveloppe blonde.

Le ciel là-haut.

Le Père.

Encore.

(…)

L’épingle a une pointe et une tête.

La pointe perfore exactement mon cœur.

La tête au-dessus regarde.

 

Juste où il faut.

Juste ce qu’il faut.

Volupté de l’épingle qui me choisit. »

 

Époustouflant…

PÉTRONE

Et surtout j’étais blonde par Corinne Hoex, illustrations de Marie Boralevi, Liège, Éditions Tétras Lyre, collection « Lettrimages », mars 2019, 64 pp. en noir et blanc au format 22 x 22 cm sous couverture brochée en couleurs et à rabats, 15 €

Date de publication
samedi 13 avril 2019
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