Un quart de quarteron…

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Le journaliste français d’extrême droite Jean-Paul Angelelli [1] est né à Alger en 1934 et il a fait son service militaire de 1960 à 1962 dans l’ouest constantinois, au 3e escadron du 6e régiment de Spahis, et il fut à cette époque décoré de la croix de la Valeur militaire avec citation. Il a été professeur certifié d’histoire-géographie aux lycées de Pithiviers (de 1962 à 1969) et de Beauvais (de 1969 à 1994) avant de décrocher le titre de docteur en histoire (titre de sa thèse : L’Algérie et l’opinion française en 1930, Nanterre, 1972) et de poursuivre sa carrière d’enseignant. Il est actuellement vice-président de l’association des Amis de Raoul Salan.

Fils du général André Zeller, Bernard Zeller est né en 1946. Polytechnicien (X66), docteur-ingénieur, ingénieur en chef de l’armement, il a fait carrière dans les industries spatiale et de défense où il a tenu des postes de direction. Il fut président de l’association des Amis de Raoul Salan de 2004 à 2015.

Ils sont les auteurs de Salan, Qui suis-je ? aux Éditions Pardès à Grez-sur-Loing, une biographie remarquable – et nos lecteurs connaissent nos convictions, très éloignées de celles des auteurs et du sujet de leur ouvrage – du général d’armées Raoul Salan (1899-1984) qui fut commandant en chef des forces terrestres, aériennes et navales en Indochine (1953-54) puis commandant supérieur interarmées en Algérie (1956-1959) et gouverneur militaire de Paris (1959-1960) avant de prendre part à une tentative de coup d’État militaire contre Charles de Gaulle et de diriger l’OAS, une sanglante organisation terroriste et colonialiste.

Admis à Saint-Cyr en 1917, Salan est affecté au 5e Régiment d’infanterie coloniale (RIC) à Lyon le 14 août 1918. Chef de section à la 11e compagnie, il participe aux combats de novembre 1918 dans la région de Verdun (Saint-Mihiel, Les Éparges, Fort de Bois-Bourru, Côte de l’Oie, Cumières-le-Mort-Homme) et est cité à l’ordre de la brigade en date du 29 décembre 1918. Ces combats ont marqué le jeune officier pour la vie.

Détaché dans l’administration coloniale en Extrême-Orient (1924-1937), il sort de la tourmente de 1940 avec trois citations. En 1944-1945, du débarquement en Provence à l’Allemagne, il mène ses troupes jusqu’à la victoire et est cité deux fois à l’ordre de l’Armée, les 29 avril et 2 décembre 1945, pour son action à la tête du 6e régiment d’infanterie coloniale et à la tête de l’infanterie de la 9e division d’infanterie coloniale.

En Indochine, aux côtés du général Philippe Leclerc, en 1945, puis du général Jean de Lattre de Tassigny, en 1951, il défend cette colonie qu’il a bien connue dans l’entre-deux-guerres. Il y affronte un ennemi implacable : le Viêt-minh, après avoir négocié sans succès avec Hô Chi Minh en 1946 à Đà Lạt et à Fontainebleau.

En 1958, après avoir échappé à un attentat au bazooka commis le 16 janvier 1957 par des ultras qui lui reprochaient, outre d’avoir « bradé l’empire » en Indochine, une addiction à l’opium, des opinions socialistes et une appartenance à la franc-maçonnerie, Raoul Salan avait soutenu Charles de Gaulle, revenu aux affaires publiques après une traversée du désert longue de 12 années, avant de participer en avril 1961 au putsch d’Alger contre de Gaulle qu’il accusait de trahison [2] et de prendre la tête de l’Organisation de l’armée secrète (1961-1962), une organisation politico-militaire clandestine française, créée le 11 février 1961 pour la défense de la présence française en Algérie par tous les moyens, y compris le terrorisme à grande échelle.

On se souvient de la fameuse bourde de langage commise le 23 avril 1961 par Charles de Gaulle qui, dénonçant la tentative de putsch dirigée par Maurice Challe, Edmond Jouhaud, André Zeller et Raoul Salan, commença son intervention radio-télévisée par : « Un pouvoir insurrectionnel s’est établi en Algérie par un pronunciamento militaire. (…) Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite… » [3]

Arrêté le 20 avril 1958 et condamné à la détention criminelle à perpétuité, Raoul Salan fut libéré le 15 juin 1968 et rétabli dans l’intégralité de ses droits le 3 décembre 1982 (sous la présidence de François Mitterrand).

En dépit de son parti-pris très laudateur, l’essai de Jean-Paul Angelelli et de Bernard Zeller présente, à nos yeux, deux avantages essentiels : d’une part, la remise en perspective factuelle de l’embrouillamini politico-militaire qui entraîna la chute de l’empire colonial français et dont les militaires firent les frais, et, d’autre part le récit de la vie entière de Raoul Salan (et pas seulement de l’époque des événements en Algérie), le tout permettant de mieux comprendre comment il et comment on en était arrivé là

PÉTRONE

Salan Qui suis-je ? par Jean-Paul Angelelli et Bernard Zeller, Grez-sur-Loing, Éditions Pardès, collection « Qui suis-je ? », juin 2016, 128 pp. en noir et blanc au format 14 x 21 cm sous couverture brochée en couleurs, 12 € (prix France)

Sommaire :

ENFANCE ET JEUNESSE

Une enfance heureuse

La Grande Guerre et la campagne de Syrie (1918-1921)

 

PASSION INDOCHINOISE

 

LA GUERRE DE 1939-45 ET SES PRÉMICES

Le Service de renseignement intercolonial

La campagne de France

Vichy (août 1940-février 1942)

Dakar (février 1942-août 1943)

Alger (septembre 1943-mai 1944)

Le débarquement de Provence

Vers la victoire (hiver 1944-printemps 1945)

 

LA GUERRE D’INDOCHINE (1945-1954)

Salan diplomate (1945-1946)

Négociations entre la France et le Viêt-minh

Les débuts de l’affrontement avec le Viêt-minh

Avec de Lattre (1951)

Commandant en chef en Indochine

Diên Biên Phu et la fin de la présence de la France en Indochine

 

RESPONSABILITÉS SUPRÊMES EN ALGÉRIE

Le chef de guerre

L’affaire du bazooka

Les batailles d’Alger

Le 13 mai 1958

Délégué général en Algérie

Bilan algérien

Vers le passage dans la réserve

 

LE PASSAGE DANS L’ILLÉGALITÉ, LE PUTSCH ET L’OAS

Intermède espagnol

Le putsch

À la tête de l’OAS

Arrestation du général Salan

 

PROCÈS

Ouverture et déclaration du général Salan

Témoignages

Réquisitoire, plaidoiries et verdict

Les suites du procès

 

DÉTENTION, LIBERTÉ, FIN

À Tulle

Liberté recouvrée

La fin

 

[1] Jeune étudiant à l’université, il milita au Cercle Henri Quatre (Lycéens et Étudiants d’Action française) et, durant toute sa carrière jusqu’aujourd’hui, il a collaboré ou collabore encore à La Nation française, à Rivarol (quitté en 2010) et aux revues Est-Ouest, Écrits de Paris, L’Algérianiste, Nous les Africains, Mémoire Vive. Il fut candidat sur les listes u Front national en 1988.

[2] Le 13 mai 1958 à Alger, Raoul Salan avait participé à la formation d’un « comité de salut public » appelant le général de Gaulle au pouvoir pour sauver l’Algérie française. À cet égard, le « Vive le général de Gaulle ! » lancé le 15 mai 1958 par Salan à l’issue de son discours prononcé au balcon du gouvernement général fut décisif et Charles de Gaulle devint président du Conseil le 1er juin suivant. Dans des discours prononcés successivement les 4 et 6 juin 1958 à Alger puis à Mostaganem, de Gaulle, s’adressant à ceux qui l’avaient ramené au pouvoir, s’écria : « Je vous ai compris » et « Vive l’Algérie française ! » avant de proposer l’autodétermination pour l’Algérie le 16 septembre 1959…

[3] Pour « un quatuor ». Quarteron, quarteronne (de l’espagnol cuarterón, de cuarto, quart) est un nom qui désigne un métis ayant un quart d’ascendance noire et trois quarts d’ascendance blanche… (Dictionnaire Larousse)

Date de publication
mercredi 26 octobre 2016
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