Ça nous revient de auditu, comme dirait Babart qui a toujours le mot latin pour rire. Mais cet ouï-dire n’a rien de banal. Rien à voir avec cette rumeur de caniveau qui susurre qu’Albert aurait pu passer la main en décembre à Philippe en point d’orgue de la présidence belge de l’Union. Le ragot aurait été monté de toutes pièces par Jan Jambon ou son ami Christian Laporte de La Libre (canal sabre et goupillon) que ça ne nous étonnerait qu’à moitié. Philippe sur le trône ! Il ne manquait plus que cette cerise sur le royaume. Et Eupen champion, peut-être ?
Notre potin à nous, infiniment plus crédible et moins apoplectique, aurait été balancé, in articulo mortis, par un témoin anonyme au père scheutiste qui le confessait, grand ami à l’époque du jeune abbé Léonard : Bart De Wever serait le fils caché de Margaret Thatcher et de Silvio Berlusconi.
Horresco referens (et vous aussi, c’est sûr) ! Mais il faut bien reconnaître que cet improbable hymen expliquerait l’alliage aere perennius (1) de cynisme, de frime, de tartuferie, de méchanceté, d’exigence rigoriste, de turlupinade, d’impudence lacrymale et de brutalité éhontée qui fonde le nouveau César flamand lequel, selon cette source digne de foi, aurait été confié bébé à une nourrice flamande qui l’emmena où l’on sait vers le destin que l’on sait.
Comme disait l’empereur Auguste (celui-là même qui, après s’être fait raser et coiffer pour la photo finish, mourut en soupirant Acta est fabula repris dimanche, dans le désordre, par Babart qui s’était composé une tête d’enterrement) : il est bon de connaître d’où vient ton ennemi. Désormais tout est clair et confirme scandaleusement les cinq dernières livraisons de Satiricon.be. Porté par des centaines de milliers de voix, surfant sur la bêtise abyssale d’Yves Leterme (et du CD&V désormais à l’agonie), la nonchalance communautaire de Guy Verhosfstadt, l’immobilisme vaniteux des francophones en bisbille permanente et la vague d’égoïsme crasseux qui submerge notre vieux continent, ce pur héraut du populisme décomplexé n’entend pas aller à la concession ou à la composition. Avec le César du monobloc nordiste –mais quelle habilité dans la stratégie !- on ne va pas au compromis. On plie et, en échange, si l’on est bien sage, on reçoit quelques dragées rances et une poignée de cacahuètes sèches.
Que faire face à un pareil butor qui casse tous les codes, rompt toutes les vieilles ficelles et compisse le consensus démocratique, renvoyant Dehaene à l’Hospice des Plombiers, Spitaels à ses goûters pour 3X20 et Martens à ses araignées dans le plafond ? Le faire tomber du trône, pardi. Le faire renier par son propre électorat, ce magma par nature si volatil, prêt à se jeter d’élection en élection dans les bras de nouveaux tribuns nationalistes et, surtout, si peu enclin à la solidarité après en avoir longuement profité.
Trop tard ? C’est à craindre au vu de la mortifère propension des présidents francophones à tomber comme des nigauds myopes, sans arme ni beaucoup d’imagination, dans les pièges tissés par Babart qui depuis 130 jours nous fait danser comme il siffle et nous accuse en sus de saboter sa partition. Ite, hélas, missa est.
THOR
(1) Allez vite consulter les pages roses du Petit Larousse !