C’était prévisible comme la fin d’un téléfilm le dimanche soir sur TF1, Mgr Léonard éternue et une batterie d’audacieux moralistes élevés en liberté (nous ne vous dirons pas d’où leur plume est tirée) s’empresse de monter au front. Il est vrai que ses propos sur le sida comme justice immanente ne sont pas vraiment gonflés à la matière grise et que prendre le cancer des poumons comme analogie demeure relativement fumeux. Pourquoi diable payer le prix fort pour s’être envoyé en l’air ? Ce sont là les reliques d’une Église gâteuse qui vomit toujours la bonne chair. Mais je confesse ne pas avoir saisi l’édifiante exhalaison de Christian Laporte qui ce vendredi dans La Libre morigénait notre prélat en soutane. « Même s’il refuse obstinément de faire des compromis avec sa conscience —ce qui l’honore—, Mgr Léonard ne peut oublier que ces propos peuvent faire de terribles ravages. Les prescrits catholiques méritent le respect, mais ils ne peuvent ignorer l’évolution du monde. » Je ne vois pas très bien en effet de quel autre ravage que le sida pourrait être victime un sidéen. Je ne vois pas très bien non plus de quelles mauvaises prescriptions il est question dans cette affaire. En somme, la témérité des sermonneurs du dimanche qui s’attaquent à l’Église consiste essentiellement par sa hargne à prêter à cette institution un pouvoir « ravageur » qu’elle n’a plus depuis très longtemps. Mgr Léonard a réussi ici, tout au plus, à offenser quelques malades. Mais convenons qu’une offense proférée par un homme tout droit sorti du Moyen Âge revêt un caractère anachronique qui la relativise fortement. La seule conséquence réelle à de tels propos concerne au fond les derniers calotins qui doivent penser qu’ils sont décidément bien mal représentés. Le reste devrait s’en remettre.
TIMON DE BRUXELLES