Exemple parfait de l’imposture littéraire germanopratine, Christine Angot (1959-) a pondu une « œuvre » à la fois lamentable, horripilante et involontairement désopilante en publiant des livres tordus portant exclusivement sur elle-même (Sujet Angot, 1998, L’Inceste, 1999, Pourquoi le Brésil ?, 2002, Rendez-vous [1], 2006, Une semaine de vacances, 2012 ou encore Un amour impossible, 2015), des textes mal fichus et sans grand intérêt dont le succès commercial – indéniable, celui-là – résulte essentiellement de l’agressivité et de la morgue dont leur auteure fait régulièrement preuve dans la presse et sur les plateaux de télévision.
De leur côté, les Éditions Onlit à Bruxelles ont fait paraître, sous la plume de « Christine Anglot » et sous le titre Un humour impossible, un pastiche admirable et en tout point réussi de son dernier factum, dans lequel on retrouve le « style » chaotique et laborieux, les tics d’écriture, la ponctuation indigente, la logorrhée monomaniaque et le vide intellectuel abyssal caractéristiques des productions de la fée Carabosse qui se prend pour Cendrillon.
Un intense moment de franche rigolade !
PÉTRONE
Un humour impossible par Christine Anglot, Bruxelles, Éditions Onlit, mars 2016, 52 pp. en noir et blanc au format 12 x 19 cm sous couverture brochée en couleurs, 8 €
Extrait :
Sans mon père, je serais pas été devenu un écrivain. UNE aigrie vaine. Je serais été à la sécurité sociale comme ma mère qui y était. Et mon père se moquait d’elle. Il faisait des blagues pas très fines sur le trou de la sécu. Le trou de la sécu c’est cochon disait-il. Quand ma mère me l’avait raconté, sur le moment j’avais pas compris l’alluvion.
Mais là, à ce moment du livre, je suis encore la petite fille. La narratrice c’est Christine, la petite fille c’est Moi. Quand je dis je, c’est la narratrice qui parle mais moi c’est la petite fille. Elle s’appelle Christine aussi. C’est compliqué. On se mélange. C’est rapport à l’imagination, j’en ai aucune alors je donne toujours les noms des gens vrais. Et quand je, la narratrice, parle de la petite fille, je dis elle pour pas confondre. Avec Moi qui est je. Mais elle pourrait dire je puisque elle, c’est moi. Et le pire c’est quand je dis Christine. Personne comprend si je parle d’elle, de moi, de je ou de la narratrice. Ou de Christine !
J’aurais pu appeler la narratrice Charlotte, Christelle ou Sophie. Parce que je peux pas changer le nom de moi. Moi c’est Christine. J’aurais dit la narratrice c’est Charlotte (ou Christelle ou Sophie ou Elisabeth ou Albert, non pas Albert, Albert ça pourrait être un narrateur mais pas une narratrice) mais là pour faire plus simple je dis la narratrice c’est Christine, mais c’est pas plus simple parce que tout le monde confond la narratrice avec Moi qui est je et la petite fille. C’est grave ? Non, c’est pas grave parce que tout le monde s’en fout.
En plus c’est de plus en plus compliqué parce que le temps passe et que la petite fille est plus si petite, elle grandit et elle devient chiante, comme moi, c’est normal puisque c’est je que je suis moi Christine la narratrice.
Mais la petite fille est plus petite mais elle est restée une fille. Heureusement, si elle avait changé de sexe, je, elle, moi, Christine, la narratrice et nous, personne y comprendrait encore moins que rien si c’est possible.
Donc quand je dis je, moi, la narratrice, Christine c’est la petite fille mais c’est plus la petite fille parce qu’elle, je, moi, en fait est devenue moins petite, elle est une préadolescente, parce qu’elle va bientôt avoir mes règles. Pas mes règles de français, bien sûr, celles-là je les ai jamais eues. Mais les autres, là, je les ai. Comme le temps pax !
[1] Nous avons à l’époque rendu compte de la parution de cet ouvrage en intitulant notre chronique : N’y allez pas !