Dans le cadre de l’exposition « Fragonard amoureux, galant et libertin » qui se tient au Musée du Luxembourg, dans la capitale française, jusqu’au 24 janvier 2016, les Éditions Gallimard ont ressorti un bel essai de Philippe Sollers intitulé Les surprises de Fragonard qui avait été publié en 1987 à l’occasion de l’importante exposition organisée au Grand Palais en 1987-1988 autour de l’œuvre du peintre né le 5 avril 1732 à Grasse et mort le 22 août 1806 à Paris.
Écoutons Philippe Sollers :
« Fragonard est un des grands peintres du dix-huitième siècle. Plus divers et fort que Watteau ; moins académique que Boucher, il domine son siècle et interroge le nôtre. À notre grande surprise, nous nous sommes aperçus que presque rien n’avait été écrit sur lui. Ce silence est-il dû à un préjugé historique, conséquence de la Révolution ? Cette question mérite d’être posée en fonction de la “commémoration” de 1989.
On se propose, ici, de commémorer d’abord Fragonard, de le faire vivre dans son effervescence profonde. Surprises de Fragonard ? À chaque instant. Ce livre est construit comme un petit roman d’aventures, images, détails, récits. Les sujets, en général interprétés superficiellement comme “érotiques et galants”, révèlent des arrière-plans inattendus, des audaces inouïes. C’est toute une société qui se dévoile dans ces coulisses : La Fête à Rambouillet, Le Billet doux, L’Étude, Le Début du modèle, La Chemise enlevée, La Résistance inutile, Les Baigneuses, Le Verrou…
Disons les choses : on a rarement eu autant de plaisir à concevoir un livre. »
La Chemise enlevée (vers 1770)
© Musée du Louvre/A. Dequier – M. Bard.
Nous ajouterons que l’exposé, brillamment soutenu par une iconographie superbe, s’avère, lui aussi, plein d’heureuses surprises : d’érudition, de formulation et de style…
Par exemple, en réplique à une charge de Céline dans Bagatelles pour un massacre :
« Fragonard ? La meilleure thérapeutique préventive contre le toutoulitarisme. Chez lui, rien n’est tout, chaque détail est libre. Vous voulez éviter le fascisme ? La barbarie ? Le kitsch ? Le bazar de l’art moderne ? La propagande populiste ? La mode décidant de la réalité ? La dictature des media ? Faites comme les milliardaires avisés ou repentants, prenez votre valeur refuge : Fragonard. »
Enlevez, c’est pesé !
PÉTRONE
Les surprises de Fragonard par Philippe Sollers, Paris, Éditions Gallimard, septembre 2015, 144 pp. en quadrichromie au format 19,8 x 24,6 cm sous couverture cartonnée monochrome et jaquette en couleurs, 25 € (prix France)
Informations pratiques relatives à l’exposition :
Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard
75006 Paris
Tél. : 01 40 13 62 00
Ouverture tous les jours de 10h à 19h, nocturne le lundi et le vendredi jusqu’à 21h30.
Les 24, 31 décembre et 1er janvier : de 10h à 18h.
Fermeture le 25 décembre.
Tarifs :
Plein : 12 €
Réduit : 7,5 € (16-25 ans, demandeurs d’emploi et famille nombreuse).
Spécial Jeune : 7,5 € pour deux entrées (du lundi au vendredi à partir de 17h).
Gratuit pour les moins de 16 ans, bénéficiaires des minima sociaux.
Accès :
En transports en commun :
– RER : ligne B, arrêt Luxembourg (sortie Jardin du Luxembourg).
– Métro : ligne 4, arrêt Saint Sulpice ; ligne 10, arrêt Mabillon.
– Bus : lignes 58, 84, 89, arrêt Luxembourg ; lignes 63, 70, 87, 86, arrêt Saint Sulpice.
En voiture :
– Parking Marché Saint-Germain : accès par la rue Lobineau, Paris 6e.
– Parking Place Saint Sulpice, Paris 6e.
En Vélib’ :
– Stations n° 6009, 6030, 6017.
En Autolib’ :
– 2, rue de Fleurus et 18, rue Madame.
En raison des nouvelles dispositions du plan Vigipirate, les sacs et valises ne sont plus autorisés.