Joseph Messinger est écrivain, psychologue et spécialiste de la communication verbale et non verbale. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages à succès sur le langage des gestes comme Ces gestes qui vous trahissent, Le dico illustré des gestes et La Grammaire des gestes. Caroline Messinger, son épouse, est écrivain et se passionne pour le décryptage verbal.
Ils ont publié chez Flammarion à Paris un essai intitulé Savoir parler en public avec son corps dans lequel sont passés au crible les signaux émis par notre regard, nos bras, nos jambes, nos mains, nos genoux, nos pieds… lorsque nous nous exprimons face à d’autres personnes.
« Le corps a son propre langage qui contredit parfois la parole. Que vous passiez un entretien d’embauche, que vous négociiez un contrat ou que vous donniez une conférence, sachez décoder les gestes de votre interlocuteur et comprendre leur symbolique. Apprenez également à décrypter vos propres gestes pour choisir les attitudes adéquates et dominer la situation, écrivent-ils. »
À travers le décodage de postures répétitives et leurs significations, les auteurs donnent les clés essentielles pour savoir parler avec son corps et séduire son public.
PÉTRONE
Savoir parler en public avec son corps par Joseph & Caroline Messinger, illustrations de Grégoire Vallancien, Paris, Éditions Flammarion, mars 2013, 198 pp. en noir et blanc au format 15,2 x 24 cm sous couverture brochée en couleurs, 19 € (prix France)
Pour vous, nous avons recopié ces quelques lignes relatives à une posture très fréquente :
Les bras croisés
On ne croise jamais les bras sans une raison valable. Le réflexe est tellement courant que nul n’y prête plus attention.
Quand le croisement est reproduit ponctuellement, il peut parfaitement ressortir d’un besoin de détente du dos. Mais, le plus souvent, le croisement des bras est réactif à une invasion de votre territoire mental par l’atmosphère délétère qui prévaut dans le public. Mais il arrive que le croisement intervienne alors que vous n’avez pas conscience du dérapage de votre conférence.
Les bras croisés en permanence
Néanmoins, le croisement systématique des bras face à ce genre de situation est symptomatique d’une attitude de protection non consciente contre une invasion du territoire.
L’attitude est clairement oppositionnelle et voisine d’une conduite de revendication. Elle indique surtout une déflation de la confiance en soi, une méfiance absolue qui correspond au profil clinique de la paranoïa. Et qui ne signifie pas automatiquement que le conférencier en soit un, de paranoïaque, au sens clinique du terme.
Un paranoïaque se signale par son orgueil démesuré, sa psychorigidité, sa méfiance généralisée, son hypersensibilité au jugement d’autrui, mais surtout pas son raisonnement paralogique. Tout ce qu’il avance repose sur de faux postulats, des erreurs de jugement, des illusions et des préjugés dictés par une affectivité hors normes.
Les sujets atteints de troubles paranoïaques ou paranoïdes croisent les bras en quasi-permanence. Ils sont aussi abonnés au double croisement (bras et jambes). Ils affichent leur manque de confiance en eux et doutent de tout par principe.
L’agressivité ambiante dans le cadre d’un cours ou d’une formation en entreprise entraîne automatiquement le croisement des bras. Mis en situation d’examen, le formateur protège d’office son territoire mental en croisant les bras. Face à un intervenant qui détient un pouvoir d’influence ou de nuisance au sein de l’entreprise, le croisement des bras est une barrière dérisoire, mais obligée. Tel est le lien de cause à effet qui institutionnalise cette réaction corporelle archi banale et pourtant essentielle.
Comme je le signale déjà dans La Grammaire des gestes (Éditions Flammarion), le territoire mental individuel est un espace sacré, un sanctuaire, dont le rôle consiste à défendre les idées, les projets, le credo ou la foi du sujet. La fréquence du croisement des bras est un signal fort et surtout prédictif du climat mental à la conscience. Il faut y être attentif, car il signifie que la confiance en soi est ébranlée.
Nombre de jeunes femmes (surtout les ados) se promènent dans les endroits publics les bras croisés. Cette manie est typiquement féminine (les hommes ne croisent les bras qu’en face à face). La confiance en soi de ces femmes est-elle perturbée ? Certains objecteront que les femmes n’ont pas de poches pour cacher leurs mains. Exact ! Et cette remarque explique peut-être en partie pourquoi les femmes croisent plus souvent les bras que les hommes.
Il en résulte logiquement que les orateurs qui croisent systématique ment les bras sont plus influençables ou impressionnables. La prise de conscience de cette dernière remarque est importante, car elle fait barrage au doute.
Si chaque fois que vous intervenez face à un public, vous croisez les bras, donnez-vous la peine de situer l’origine de ce réflexe, vous renforcerez ipso facto votre confiance en vous-même et vous retrouverez une autorité accrue.