Figure emblématique de la littérature et de la philosophie française de son temps, Jean-Paul Sartre (1905-1980) fut un penseur révolutionnaire dont l’œuvre et la personnalité ont marqué la vie intellectuelle et politique de la France de 1945 à la fin des années 1970.
Son œuvre comporte des essais et textes philosophiques majeurs, comme L’Être et le Néant (1943), L’existentialisme est un humanisme (1946), Réflexions sur la question juive (1946), Questions de méthode (1957) ou encore la Critique de la raison dialectique (1960), Situations (I, 1947, à X, 1976), mais aussi des textes littéraires : des nouvelles (Le Mur), des romans (La Nausée, Les Chemins de la liberté), des pièces de théâtre (Les Mouches, Huis clos, La Putain respectueuse, Le Diable et le Bon Dieu, Les Séquestrés d’Altona). Il a publié des études biographiques sur de nombreux artistes comme Le Tintoret, Mallarmé, Baudelaire, Faulkner ou Jean Genet, ainsi qu’une vaste étude sur Gustave Flaubert, L’Idiot de la famille (1971-1972). Un texte court, mais important est son étude autobiographique, Les Mots, qui évoque les onze premières années de sa vie.
Intransigeant et fidèle à ses idées, il a toujours rejeté les honneurs ; il a notamment refusé le prix Nobel de littérature en 1964. Exception notable, il a cependant accepté le titre de docteur honoris causa de l’Université de Jérusalem en 1976 [1].
Fort bien documenté quoique par trop hagiographique à notre goût (notre homme était souvent droit comme un « s » [2]…) et sobrement intitulé Sartre, un bel album de bandes dessinée retrace son engagement politique jusque 1964 [3], la genèse et l’impact de ses écrits, sa relation avec Simone de Beauvoir [4] et avec les maîtresses de celle-ci, la création du mouvement existentialiste, les rapports avec Paul Nizan, Albert Camus, Maurice Merleau-Ponty, Raymond Aron ou encore avec Boris Vian.
Un pan d’histoire turbulente de la vie culturelle française, quand elle était sous la férule péremptoire de l’« agité du bocal », comme disait Céline…
PÉTRONE
Sartre par Mathilde Ramadier & Anaïs Depommier, Bruxelles, Éditions Dargaud, mars 2015, 160 pp. en quadrichromie au format 21 x 28,5 cm sous couverture cartonnée en couleurs, 17,95 €.
[2] Songeons ici à son attitude pour le moins trouble sous l’Occupation.
[3] D’abord en liaison avec le Parti communiste, puis avec des courants gauchistes dans les années 1970.
[4] Qu’il surnommait le Castor.