Dans Ces morts qui se tiennent par la taille paru aux Éditions du Rocher, l’écrivain belge Frank Andriat aborde un sujet particulièrement touchy, celui de l’inceste, à travers le regard jeté avec insistance par une jeune femme sur une photographie de ses grands-parents défunts, retrouvée par hasard.
« Vous avez l’air de beaucoup vous aimer, appuyés tendrement l’un contre l’autre, le bras de Fred serrant la taille d’Élise, celui d’Élise s’arrimant à Fred, son homme, son amour. Fred a tout d’un dominateur : de sa présence sur la photo, c’est surtout cela qui se dégage. Je vous observe. Tout est dit dans ce cliché de vous deux et, en même temps, tout est caché. On ne voit de vous qu’une apparence. Vous êtes là, figés en un éternel instant qui ne raconte rien des soubresauts de votre existence future. De celle-ci, je ne connais pas tout, mais l’essentiel est gravé en moi (…). Pour toujours. »
Perdue dans un labyrinthe de questions sans réponses et de sentiments contradictoires – elle aime sa grand-mère et déteste sa mère –, la narratrice se cramponne à ses souvenirs comme un naufragé à une bouée, pour finalement accéder à la vérité… qui l’emporte par le fond.
Un roman subtil et grave, ciselé comme un bijou de famille…
PÉTRONE
Ces morts qui se tiennent par la taille par Frank Andriat, Monaco, Éditions du Rocher, avril 2015, 212 pp. en noir et blanc au format 14 x 21 cm sous couverture brochée en couleurs, 16,90 € (prix France)